Variance

 
 

>Projet de recherche et de développement pour une installation sonore et lumineuse

 
 
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David Merlo  / direction artistique
Charles Bascou  / programmation numérique liée au son
Sylvain Delbart  / développement et programmation lumineuse
 
 

>L’installation Variance IV met l’accent sur le fruit de la relation entre instrument et territoire: la production d’un signal unique, reflet d’une nécessité et d’un désir de celui qui fabrique et met cet instrument en action.
Pour conférer un forme de neutralité à cette production, elle propose d’enlever le geste humain dans la mise en vibration de l’instrument pour le remplacer par les décision prises par une application numérique, Max/Msp, en fonction de ce qu’elle percevra et analysera d’un espace.

 
 

 
 
Dans un souci de placer la notion de résonance au centre du processus, les décisions de cette machine désirante seront prises et transmises en fonction et à travers l’espace de réflexion sonore et lumineuse.

En confiant à une application numérique le contrôle et l’exploitation du potentiel sonore de la basse électrique, qui prend ainsi le rôle d’une interface analogique générative, puis en prolongeant et en transformant ce signal sonore au travers du signal lumineux il pose ainsi la question suivante: Comment considérer l’activité dynamique non déterminée d’un dispositif dont personne ne joue, et qui semble pouvoir évoluer, se renouveler et s’entretenir dans une rétroaction stable?

Mais en amont de la réflexion analytique, Variance IV propose avant tout au public de percevoir physiquement ce que révèle de l’espace et du territoire investi l’activité de son dispositif, s’affirmant alors comme un extracteur de résonance.

 
 

 
 


 
 

Principes de fonctionnement

 
 

Variance IV est une installation sonore et lumineuse. Elle propose une démarche introspective de (re)découverte sensible d’une architecture par la révélation de ses potentiels de résonances sonores et lumineuses.

À la manière d’un organisme vivant, son dispositif se nourrira des particularités d’un territoire afin de faire fonctionner son propre métabolisme. Il produira ainsi un certain nombre de phénomènes vibratoires qu’il peut réinvestir comme catalyseurs de son fonctionnement.

Capable de générer une première impulsion sonore basique, il utilise les potentiels de résonance acoustique et de réflexion lumineuse d’un lieu pour alimenter et équilibrer en temps réel cette production qui « s’accorde » et se singularise avec son territoire d’implantation.

Pour sa construction et son fonctionnement, Variance IV fera se rencontrer les interfaces et techniques propres à la diffusion du son dans l’espace, à la mise en lumière et à la programmation numérique multimedia.Ce sont donc différents corps de métiers qui seront appelés à collaborer autour de ce projet : composition et design sonore (David Merlo), développement de logiciels de pilotage numérique (Sylvain Delbart), conception et réalisation de dispositifs lumineux.

 
 

 
 


 
 

Production et développement 

 
 

Accueilli en résidence de recherche par le Gmem-cncm-Marseille du 13 au 15 avril 2016 puis du 30 mai au 3 juin 2016.

Résidence Boarding Pass#3 2016
Présentation de Variance IV à l’intérieur de la statue Kannon de la ville de Takasaki au Japon.
Co-production Diffusing Digital Art / Le Palais des Paris
Avec le soutien de la Ville de Marseille, Institut Français de Paris et l’Ambassade du Japon-Tokyo

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De la vibration de la corde à la vibration lumineuse

Variance IV  est un dispositif lacunaire et composite. Pour être complet et trouver son équilibre, il est dépendant d’un espace clos -ou semi clos- qu’il intègrera comme organe résonateur.
Sa structure interne associe deux types de dispositifs aux fonctionnements basiques autonomes dont l’influence de l’un sur l’autre, en relation à l’espace physique investi, déterminera et caractérisera leurs activités.

Un dispositif sonore, constitué d’une basse électrique prolongée d’un réseau de hauts-parleurs, et un réseau de modules lumineux sont reliés et régulés par une unité de gestion numérique, représentée par une application Max / MSP qui perçoit, organise et distribue les flux et potentiels dans ses organes émetteurs que sont ces modules lumineux et hauts parleurs.
Chaque signal sonore ou lumineux émis est d’abord destiné à rebondir contre les parois du lieu avant d’être capté soit au moyen de micros soit de capteurs photosensibles puis analysé par l’application qui organise en fonction la composition et la diffusion dans l’espace des signaux sonores.
En s’appuyant sur des informations relatives aux propriétés de réflexion du son et de la lumière, l’application Max / MSP se réfère directement aux proportions et matériaux de construction du lieu investi.

Émerge alors un organisme à l’échelle d’un bâtiment dont la structure intègre et allie des matériaux de construction, des interfaces numériques et analogiques.

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Variance et espace de résonance

En thermodynamique, la variance désigne le nombre maximum de paramètres que peut fixer librement l’expérimentateur sans rompre l’équilibre en place.
Cet équilibre peut être rapproché de la notion de rétroaction qui définit la capacité intrinsèque de tout organisme ou système dynamique à se maintenir dans son propre milieu.

Aussi définie comme le choix dont bénéficient les individus entre les modèles proposés par un système donné, la variance devient alors, dans le contexte de l’installation Variance IV, la somme de tous les paramètres et interfaces ici connectés, constituant autant de pistes de lecture et de perception de l’espace.

Variance IV peut être considéré comme un extracteur ou un générateur de résonances.

L’expérience que fait le corps de ces résonances, différentes d’un lieu à un autre, ainsi que d’une partie d’un lieu à une autre, consiste en une perception physique brute, au delà toute analyse sémantique, culturelle et théorique du signal en présence.
Dans cette déprogrammation d’un système de « hiérarchisation référentielle » des perceptions, le rapport à l’espace et au temps émerge de références vibratoires concrètes et non pas culturelles.
Or, l’émergence de ces résonances est directement liée à l’architecture, proportions, volumes et matériaux de construction du lieu en question. Autrement dit à la réalisation concrète de son histoire, sa fonction et son implantation dans un territoire et par conséquent les besoins sociétaux, structurels, culturels auxquels a répondu sa construction.

Un contexte historique et culturel cohabitera ainsi avec la production d’un certain nombre de signaux vibratoires extraits de ce même contexte, révélant ainsi sa singularité.

Variance IV propose la lecture d’un contexte par l’expérience concrète. Elle invite le visiteur à jauger la distance qui sépare sa perception brute, physique, de sa perception culturelle et historique, pour ainsi situer sa propre subjectivité.

Rhenania pano
 
 


 
 

Dispositif sonore

En se conformant à un contexte architectural, le dispositif de Variance IV  s’autorégule en faisant décrire au signal un mouvement global de rétroaction (feedback) et en le transformant au travers de ses interfaces, du son à la lumière, en passant par l’information digitale.

>> Appliqué au son, le phénomène de feedback se produit par la mise en boucle du signal sonore gràce à l’amplification, en fonction d’un volume d’air et du type de surface de rebond de l’onde sonore.

Ici, le dispositif sonore s’appuie sur le signal émis par la basse électrique, conditionnée de manière à émettre un signal composé de strates de fréquences, lui même provoqué par une réaction de feedback continue entre l’instrument et son amplificateur.

Le déclenchement de cette réaction de feedback sera commandé par Max/Msp qui commandera ensuite la diffusion du signal sonore dans le réseau de hauts parleurs.

L’équalisation de chaque enceinte sera adaptée au lieu physique dans laquelle elle sera implantée : elle présentera ainsi des pics correspondants à la fondamentale ou à des multiples de la fréquence de résonance de la pièce, du couloir ou de l’angle dans laquelle elle se trouvera.
Plutôt que de d’atténuer cette fréquence de résonance et d’ainsi rechercher une standardisation de l’acoustique, le choix ici est de renforcer une singularité.

Les choix du type et de la position de chaque haut-parleur se feront donc en fonction des potentiels de résonance et de circulation du son offerts par le lieu investi. Ainsi, chaque signal diffusé par une enceinte en particulier vibrera en fonction de la nature de l’enceinte mais également en fonction du potentiel de résonance propre à sa localisation de diffusion.

Ce phénomène, en modifiant la pression acoustique dans le lieu impose une transformation du signal produit par la basse électrique.

En combinant ses choix  de diffusion, le dispositif devient alors capable de produire puis de transformer une succession de formes sonores singulières, accordées à leur milieu et en permanente évolution, se référant toutes au même potentiel de départ.

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Apparition de patterns rythmiques

Instrument fabriqué par la main de l’homme en tant qu’outil desitiné à produire des sons «musicaux» sous l’action d’un geste «instrumental», la basse électrique est présentée ici dans un état d’apparente autonomie.
Bien que réelle une fois la réaction déclenchée, cette autonomie demeure le fruit d’un conditionnement opéré par une action humaine précise: la tension des cordes de l’instrument est réglée de manière à s’équilibrer avec les paramètres inhérents à la production d’une réaction de feedback -un niveau d’amplification du signal sonore en fonction d’un volume d’air et du type de surface de rebond de l’onde sonore.

En résulte une superposition de plusieurs fréquences sonores générées par la vibration des cordes de la basse électrique qui s’organisent en cycles rythmiques, apparaissant et disparaissant de façon plus ou moins brutale sous l’effet de limitation qu’elles impriment les unes sur les autres.
Ce pattern, dont l’itération des différents évènements sonores qui le constituent n’est jamais rigoureuse, est voué à évoluer de lui même et se transformer lentement.

L’intérêt de ce phénomène réside dans le fait que chaque pattern est unique et variera en fonction du moment où se produit la réaction, de l’espace dans lequel se trouve la basse, et des modifications des conditions acoustiques: volume, equalisation, compression.
L’intervention de l’application Max/Msp va permettre d’accentuer le caractère stochastique de l’apparition et de l’évolution d’un pattern vers un autre, en distribuant et en faisant voyager le signal sonore dans l’espace de manière à solliciter au maximum les spécificités d’une architecture, accentuant ses potentiels de résonance de manière à «nourrir» l’évolution du signal sonore.


ÉQUIPE ARTISTIQUE ET TECHNIQUE

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David Merlo

> Sylvain Delbart:
Ingénieur diplômé de l’école de Mines d’Alès. Depuis 2007 il a travaillé à la programmation multimédia et interactive, conception électronique pour diverses œuvres artistiques. Il a ainsi travaillé avec Celeste Boursier-Mougenot, l’Ososphère, Bertille Bak, Lieux Fictifs, Groupe Dune, Zinc.
En 2012 il co-fonde Akwariom, entreprise de conception et fabrication d’interfaces électroniques et programmes informatiques pour le pilotage de son, lumière et vidéo, œuvres numériques. Il se spécialise dans l’ingénierie design 3D, le pilotage de machines à commande numérique et la programmation de micro-contrôleurs.


Genèse du projet

>Variance IV version 2015 et 2014

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Le premier déploiement du dispositif Variance IV a été élaboré en résidence et présenté au public du 9 au 21 mars 2015 à Art-cade* Galerie des Grands Bains Douches à Marseille. Cette résidence a également fait l’objet d’une collaboration avec Guillaume Stagnaro qui a déployé son dispositif lumineux Fluorescent Umwelt en réponse au dispositif sonore.

De nature plus rudimentaire, la programmation du patch Max/Msp commandait au dispositif d’exécuter une trame compositionnelle dont les variations étaient dictées non pas par des paramètres reliés à l’espace architectural tels que décrits précédemment mais par des choix aléatoires entre plusieurs combinaisons possibles.

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Variance IV produisait ainsi une succession de cycles qui étaient autant de variations, chacun étant différent des autres.
Les évènements qui les composaient apparaissaient en revanche toujours dans le même ordre.

 

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>Variance III

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David Merlo développe et présente au public depuis 2012 sous forme de performance live la pièce Variance III. Cette pièce se base sur ce même procédé de feedback continu, et constitue la genèse du projet Variance IV.

Variance III questionne les points de rencontre entre différentes pratiques, dynamiques et contextes sonores.
Il s’agit tout d’abord de faire entrer en rétroaction la basse électrique avec un espace physique clos comme décrit plus haut. Le signal sonore produit, ainsi que des signaux étrangers sont traités et diffusés manuellement via un réseau de six hauts parleurs disposés dans le lieu où se déroule la performance.
En parasitant le continuum sonore, par modification de la tension des cordes, jeu percussif sur l’instrument, modulation des traitements et de la puissance d’amplification, injection de signaux sonores « étrangers » qui viennent moduler la pression acoustique, David Merlo influe sur les phénomènes périodiques qui constituent la texture sonore globale.

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Ses actions sont alors guidées par une attention portée aux fluctuations de la dynamique globale. Ses gestes se retrouvent ainsi conditionnés par deux types de choix: accompagner, prendre part; ou contrôler, césurer cette dynamique. C’est la notion même de geste/jeu musical qui se trouve remise en question par cette ambivalence.

Sur leurs points de rencontre, les notions d’installation sonore ou de performance improvisée s’effacent pour laisser le phénomène acoustique s’emparer de la perception du temps, de la densité de l’air, et se révéler comme une manifestation épidermique, avant tout vibratoire et facteur d’émotion brute.

Un autre enjeu important de Variance III réside dans le positionnement du spectateur, dans son appréhension de l’espace sonore. Son espace d’écoute, la possibilité de déambulation est à adapter et réinventer en fonction du lieu.
L’objet est bien ici de sortir d’un rapport frontal entre le public et le concert pour laisser à l’auditeur le loisir de se placer dans l’espace sonore en se laissant guider par ses propres perceptions.

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